Après avoir abordé dans un précédent article le sujet de la « dernière partie de carrière », nous allons évoquer ici un sujet clé dans la vie des collaborateurs : la prévention des risques psychosociaux.
En matière de risques psychosociaux, il est d’usage de distinguer trois phases de prévention, chacune ayant ses modalités propres et surtout des effets (donc des objectifs) différents.
- Phase Primaire : Il s’agit de repérer et d’agir sur les facteurs de risques psychosociaux pour en limiter l’apparition. Les effets de la prévention primaire sont collectifs.
- Phase Secondaire : Il s’agit de limiter les conséquences des RPS en aidant les collaborateurs à renforcer leurs ressources personnelles. Les effets de la prévention secondaires sont essentiellement individuels.
- Phase Tertiaire : Il s’agit de soutenir les salariés déjà en souffrance psychologique et d’aider les individus à se réparer. Ce soutien est individuel pour les personnes directement concernées ; il peut aussi être collectif, par exemple pour les témoins d’un accident.
Dans les faits, seule la phase 1 de ce dispositif vise à prévenir les RPS, c’est-à-dire à réduire voire supprimer les situations à risque pour vos collaborateurs.
Si vous avez mis en place des actions de type 2 (gestion du stress, gestion des situations difficiles, ligne d’écoute…) et que vous constatez que ces dispositifs ne désemplissent pas, alors voici quelques conseils pour prévenir (réellement) les risques psychosociaux.
⭕ Comprendre
1️⃣ Ce que sont les RPS
On appelle ces risques « psychosociaux » parce qu’ils naissent de la rencontre entre un individu (psycho) et son environnement de travail (sociaux). Dans ce cadre, le risque survient lorsque l’environnement de travail est susceptible d’avoir des répercussions négatives sur la santé mentale et/ou physique d’un individu.
Pour pouvoir prévenir les risques psychosociaux, il faut les comprendre. Donc comprendre ce qui se joue dans cette rencontre entre un individu et son environnement de travail. Pourquoi le travail est-il à ce point important que certains d’entre nous y laissent leur santé ? En quoi peut-il être une source de souffrance ? Ou bien, au contraire, une formidable source de plaisir ?
2️⃣ Les enjeux du travail
Chacun d’entre nous, par le biais de son travail, cherche à satisfaire deux aspirations fondamentales pour la construction de son identité et (donc) de sa santé :
- celle de son insertion dans la société ;
- celle de l’expression de sa singularité.
Très simplement, il s’agit de nous prouver que nous pouvons nous intégrer socialement tout en conservant notre propre personnalité. Et c’est le champ du travail qui nous offre cette possibilité de nous prouver cela.
Concrètement, cela signifie que notre travail est un enjeu majeur pour notre épanouissement et que cela dépend de deux éléments essentiels :
- la possibilité de s’inscrire dans un projet collectif qui fasse sens (nous avons notre place) ;
- la possibilité de contribuer à ce projet collectif en réalisant un travail de qualité (nous montrons qui nous sommes).
En bref, pouvoir donner le meilleur de nous-mêmes au service d’un projet collectif.
⭕ Diagnostiquer
Pour identifier les facteurs de RPS dans l’activité de vos collaborateurs, il vous faut comprendre leur quotidien de travail de l’intérieur.
Pour ce faire, le diagnostic immersif est, de mon point de vue, un incontournable pour :
⏩ Avoir une vision précise de l’activité réelle de vos collaborateurs, au-delà de leur fiche de poste et des tâches prescrites par vos process et/ou outils.
⏩ Saisir ce qui se joue pour eux dans l’exercice de leur métier : leur cœur de métier, leur identité professionnelle, les émotions qu’ils éprouvent, les dynamiques relationnelles…
En amont du diagnostic, il peut être intéressant d’analyser vos indicateurs RH (absentéisme et turn-over notamment) pour identifier si certaines populations sont plus particulièrement concernées. Si vous n’êtes pas en mesure de réaliser immédiatement un diagnostic immersif auprès de toutes vos populations, cela vous permettra de cibler et de prioriser.
À l’issue du diagnostic, vous pouvez aussi réaliser :
- Des focus groups par corps de métier ;
- Quelques entretiens ciblés ;
- Et utiliser, si vous en disposez, les résultats et verbatim de vos enquêtes collaborateurs.
Ces éléments vous permettront notamment de vérifier que votre diagnostic résonne auprès des professionnels concernés et que vous n’avez rien oublié d’important.
⭕ Prévenir
Une fois votre diagnostic établi, il vous faudra choisir les actions à mettre en œuvre :
- Les situations à risque avéré qui sont à traiter prioritairement
- Les facteurs de RPS qui concernent une frange importante de vos collaborateurs
- Les actions qui peuvent être mises en œuvre à court terme
- Les actions à plus long court et/ou qui concernent une frange plus réduite de vos collaborateurs.
Ce travail de sélection doit vous permettre d’élaborer :
- Un plan d’action détaillé par levier et par population ;
- Une road map structurée par chantier et par échéance.
Selon les facteurs de RPS identifiés, les actions à mettre en œuvre porteront sur les domaines suivants :
- L’organisation du travail,
- Les relations de travail,
- Les collectifs de travail et la coopération,
- Les pratiques managériales,
- Le fonctionnement hiérarchique,
- La communication institutionnelle.
D’expérience, les facteurs de RPS (donc les actions à mettre en œuvre) sont sensiblement différents selon :
- le positionnement au sein de l’entreprise (opérationnels ou fonctions support)
- les métiers exercés
- le niveau de responsabilité
Par ailleurs, certains indicateurs doivent vous permettre d’identifier les facteurs de RPS dont l’effet se produit dans le temps. C’est notamment en cela que l’examen de vos indicateurs peut être utile, en les analysant par tranche d’âge ou d’ancienneté.
🔎 Vous souhaitez en savoir plus et/ou être accompagné pour prévenir les RPS au sein de votre entreprise ? Nous sommes là pour vous : nous contacter
[© Article publié par Noémie Royer sur le blog « Une tête au-dessus de soi-même » le 6 février 2023 – Tous droits réservés.]
